Léo Mouillard-Lample a soutenu sa thèse le lundi 11 décembre à 14h à l'Université d’Avignon
La thèse est intitulée "Compétitions entre abeilles, l’émergence des ressources florales comme un bien commun ?
Analyse socio-écologique et accompagnement d'une action collective pour le partage des ressources florales pour concilier apiculture et préservation des abeilles sauvages dans le parc national des Cévennes".
Léo Mouillard-Lample soutiendra sa thèse le lundi 11 décembre à 14h à l'Université d’Avignon (Amphi Blaise CERI, Agroparc). La soutenance est ouverte au public et se déroulera en présentiel et en visioconférence, le lien visio étant communiqué par mail à la demande auprès de Leo.Mouillard-Lample[at]inrae.fr. Vous pouvez d’ores-et-déjà bloquer le créneau !
Composition du jury :
Mme Emmanuelle Baudry (Professeure, Université Paris-Saclay) Rapporteure
M Raphaël Mathevet (Directeur de recherche CNRS, CEFE, Montpellier) Rapporteur
Mme Elsa Berthet (Chargée de recherche INRAE, SADAPT, Paris) Examinatrice
Mme Nina Hautekèete (Professeure Université de Lille) Examinatrice
Direction de thèse :
M Axel Decourtye (Directeur général HDR, Institut technique de l’abeille) Directeur de thèse
M Mickaël Henry (Directeur de recherche INRAE, INRAE Avignon) Co-directeur de thèse
Mme Cécile Barnaud (Chargée de recherche INRAE, DYNAFOR, Toulouse) Co-directrice de thèse
Financeurs : Thèse financée par l’ENS de Lyon avec le soutien financier d'INRAE (métaprogramme Biosefair et département SPE), de la fondation Lune de Miel, et Sojufel.
Résumé : Ces dernières années, la question de la compétition entre les abeilles pour les ressources a pris de l’ampleur dans le champ scientifique. Le butinage de nectar et de pollen par les colonies d’abeilles domestiques des apiculteur·rices peut entraîner une diminution des ressources disponibles pour les abeilles sauvages. Ces résultats ont suscité d'intenses débats au sein des communautés scientifiques et professionnelles de l'apiculture. Certains auteurs ont suggéré que les abeilles domestiques devraient être exclues des zones protégées afin de préserver les abeilles sauvages, tandis que d'autres préconisent des mesures plus inclusives. Or, la limitation, voire l’exclusion, des abeilles domestiques a des implications sociales pour les apiculteur·rices qui restent peu étudiées.
Face aux enjeux écologiques et sociaux soulevés par l’existence d’une compétition, nous pensons qu’il est pertinent de considérer la question du partage des ressources florales sous l’angle de la théorie des communs d’Elinor Ostrom. Les recherches d'Ostrom montrent que des ressources de type bien communs peuvent être gérées de manière durable par des communautés d'utilisateur·rices grâce à l’action collective. Considérer les ressources florales comme un "bien commun" ouvrirait donc la voie à de nouveaux modes de gouvernance collaborative entre les multiples acteur·rices qui les utilisent et les modifient. Dans cette thèse nous nous demanderons donc s’il est pertinent de considérer les ressources florales comme des biens communs, et en quoi cette approche permet de mieux comprendre les enjeux clefs pour la mise en place d’une action collective pour un partage des ressources mellifères conciliant la préservation des abeilles sauvages avec le maintien d’une apiculture durable. Pour répondre à cette question nous appliquerons une approche combinant sciences sociales et écologiques dans le parc national des Cévennes.
Les perceptions des apiculteur·rices sur la compétition sont complexes, multiples et en évolution. Si la plupart des apiculteurs soulignent les fortes incertitudes qui sous-tendent ces processus de concurrence alimentaire, certains commencent à les envisager comme une possibilité. Par ailleurs, l'idée que ces ressources florales constituent un bien commun sous-tend une série de discours et de pratiques. Pourtant, il n'existe actuellement aucune arène pour discuter de ces différentes perceptions et des approches potentielles pour parvenir à une gouvernance partagée des ressources florales. Du point de vue écologique, notre analyse du succès de quête alimentaire des abeilles sauvages et domestiques montre l’existence de compétition intra (entre colonies d’abeilles) et interspécifique dans les Cévennes. Nos résultats montrent que ces compétitions sont liées à la distance aux ruchers. Ils constituent ainsi une première évidence de transposition du concept d'aire d'influence des ruchers dans des paysages hétérogènes. Cependant cette compétition varie selon les ressources florales et les années, ce qui soulève des incertitudes.
Enfin, afin de comprendre et d’accompagner la mise en place d’une gestion collective du partage des ressources florales nous avons mis en place une démarche de recherche-action construite autour du jeu sérieux AGORAPI. Nos résultats soulignent les divergences de représentations qui freinent la mise en place d’action collective. La construction de règles d’action collective et d’une représentation collective d’une ressource comme un bien commun semblent avoir besoin de s’élaborer conjointement. En accord avec les travaux d’Ostrom, nos résultats confirment l’importance de la confiance, de la transparence et de la réciprocité dans la construction d’une action collective et dans l’émergence d’un bien commun. Le jeu AGORAPI a montré un potentiel pour l’initiation d’une réflexion sur cette action collective. Les participant·es ont proposé la mise en place d’une expérience grandeur nature sur le territoire pour construire cette confiance et améliorer les connaissances sur les ressources et la compétition. Toutefois nos résultats montrent aussi la nécessité d’une approche globale sur les ressources en prenant en compte notamment les pratiques agricoles.
Mots clés : Abeilles domestiques, Abeilles sauvages, Compétition, Ressources florales, Communs, Modélisation d’accompagnement
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