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Cartographie de l’occupation des sols des Pyrénées en 1850 et identification des plantes vasculaires

Ce papier est la mise en forme d’une communication faite en 2013 à l’occasion du Xe Colloque international de botanique pyrénéo-cantabrique et qui engageait 3 dynaforiens. L’objectif était de croiser la carte des occupations du sol réalisées au labo (travail d’Audrey Grel) avec les bases de données floristiques du Conservatoire botanique pyrénéen, pour identifier les espèces pionnières de la recolonisation post-abandon agricole et, surtout, les espèces liées à la continuité de l’état boisé dans les forêts pyrénéennes. Afin de tenir compte des grandes variations phytogéographiques au sein de la chaîne pyrénéenne, les analyses ont été réalisées indépendamment dans trois zones. La zone ouest et pré-pyrénéenne comprend les petites régions forestières « Basses montagnes basques », « Bordure sous-pyrénéenne » et « Front pyrénéen ». La haute chaîne correspond à la région du même nom. La zone est regroupe toutes les petites régions à l’est des précédentes, majoritairement comprises dans les Pyrénées-Orientales.


Dupouey J.L, Grel A., Larrieu L., Heintz W., Leroy N., Montpied P, Corriol G., Hamdi E., Deconchat M., Vallauri D. (2023). Cartographie de l’occupation des sols des Pyrénées en 1850 et identification des plantes vasculaires indicatrices de l’ancienneté de l’état boisé. Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de Toulouse. Hors série ; actes du Xe Colloque international de botanique pyrénéo-cantabrique, pp. 103-116




Principaux résultats

• 132 taxons montrent une réaction significative à l’ancienneté de l’état boisé

• 7 montrent une préférence pour les forêts anciennes dans toutes les zones : Abies alba, Dryopteris dilatata, Fagus sylvatica, Galium odoratum, Geranium nodosum, Luzula sylvatica et Melica uniflora

• De nombreuses espèces déjà bien connues dans les plaines européennes pour être significativement associées à l’ancienneté de l’état boisé le sont aussi ici (mais pas dans les trois zones à la fois) : Euphorbia amygdaloides, Lamium galeobdolon, Lathyrus linifolius, Mercurialis perennis, Milium effusum, Oxalis acetosella, Potentilla sterilis …

• Plusieurs espèces associées ici aux forêts anciennes n’avaient pas, ou peu, encore été mentionnées dans les listes déjà publiées : e.g. Cardamine heptaphylla, Geranium nodosum, Hypericum androsaemum, Scrophularia alpestris, Ranunculus tuberosus

• Parmi les fougères, seules deux saxicoles, Asplenium ruta-muraria et A. trichomanes, sont liées aux forêts récentes. Les dix autres espèces de la liste préfèrent les forêts anciennes.

• Aucune espèce ne change de preferendum selon la zone géographique



Résumé:

L’Homme a fortement marqué les paysages européens par des déboisements anciens et à large échelle. Mais depuis le minimum forestier du XIXe siècle, nous assistons à une reconquête forestière massive, qui constitue une véritable révolution écologique. Les espèces de plantes vasculaires pionnières de ces successions secondaires qui se déroulent sur les anciens terroirs agricoles ont été de longue date bien identifiées. Par contre, les espèces de fin de succession, liées aux périodes de longue continuité de l’état boisé, sont moins connues. Leur recherche nécessite

des études historiques préalables visant à évaluer et cartographier l’ancienneté des forêts. Ces travaux n’ont pour l’instant été menés que dans les forêts des plaines et plateaux d’Europe du Nord et de l’Ouest, et de l’est des États-Unis. Les études dans les zones méditerranéennes et de montagne ne font que commencer. Le présent travail a pour objectif d’identifier ces espèces, dites de forêt ancienne, pour le versant nord de la chaîne pyrénéenne.

Un important travail de cartographie de l’occupation des sols sur l’ensemble de la chaîne à une date (1850) proche du minimum forestier a été mené. Nous avons vectorisé les informations portées sur les minutes 1:40 000 de la carte d’État-Major, issues elles-mêmes pour partie du cadastre napoléonien. Cette carte numérique des occupations anciennes du sol est à elle seule un document d’une grande richesse, qui a vocation à servir les recherches pyrénéennes en écologie, géographie ou histoire. Nous avons ensuite croisé cette carte des usages anciens avec celle des forêts actuelles (2003), ce qui permet d’identifier dans le paysage d’aujourd’hui les forêts ayant au moins 150 ans d’ancienneté de l’état boisé, que nous définissons comme forêts anciennes. Nous en présentons quelques grandes caractéristiques. Le taux de boisement du versant nord pyrénéen est passé de 24 % en 1850 à 46 % en 2003. Les forêts anciennes représentent 46 % seulement des forêts actuelles. Les forêts récentes, qui n’existaient pas en 1850, sont très majoritairement agrégées à des massifs anciens (95 % des forêts récentes) et non isolées dans les paysages. De fortes variations apparaissent dans la continuité de l’état boisé selon l’altitude, l’exposition, la position géographique dans les Pyrénées ou le type de propriété foncière. Le croisement de cette carte avec les bases de données floristiques actuelles permet finalement d’identifier, par des méthodes statistiques appropriées, les espèces pionnières de la recolonisation post-abandon agricole et, surtout, les espèces liées à la continuité de l’état boisé dans les forêts pyrénéennes. Nous discutons enfin les limites de ce travail et les perspectives qu’il ouvre, en particulier en écologie de la conservation et en écologie du paysage.




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